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Est-ce que le jeu de tête pose des risques de santé pour les jeunes footballeurs de moins de 12 ans?

Questions parlementaires Santé et soins Sport Gusty Graas

Question:

Monsieur le Président,

Par la présente, j’ai l’honneur de vous informer que, conformément à l’article 83 de notre Règlement interne, je souhaite poser la question parlementaire suivante à Madame la Ministre de la Santé et à Monsieur le Ministre des Sports :

« En 2015, les États-Unis ont interdit le jeu de tête chez les jeunes footballeurs de moins de 12 ans à cause du risque important de commotions cérébrales.

En janvier 2020, l’Écosse a décidé de suivre le même chemin, la Fédération écossaise de football devenant ainsi la première fédération européenne d’introduire cette mesure. 

En effet, d’après une étude de l’université de Glasgow les anciens footballeurs auraient 3,5 fois plus de risques d’être atteints de démence, des impacts répétés d’un ballon contre la tête avant l’âge de 12 ans étant un facteur contributif important.

Dans ce contexte, j’aimerais poser les questions suivantes à Madame la Ministre de la Santé et à Monsieur le Ministre des Sports :

  • Madame et Monsieur les Ministres, sont-ils au courant de cette décision de la Fédération écossaise de football ?
  • Madame la Ministre de la Santé, combien de commotions cérébrales ont été constatées auprès de jeunes footballeurs les dernières années ?
  • Quelle est la position de Madame et Monsieur les Ministres concernant l'interdiction du jeu de tête pour jeunes footballeurs?
  • Au lieu d’interdire le jeu de tête au football, il est possible d’utiliser des ballons plus légers, par exemple des ballons en mousse. Monsieur le Ministre des Sports, peut-il m’indiquer dans quelle mesure sont utilisés déjà de tels ballons aux entraînements ? »

Veuillez croire, Monsieur le Président, en l’expression de ma très haute considération.

Gusty GRAAS

    Député

Réponse commune de Madame la Ministre de la Santé et de Monsieur le Ministre des Sports à la question parlementaire n° 1824 du 4 février 2020 de Monsieur le Député Gusty Graas concernant l’interdiction du jeu de tête pour jeunes footballeurs.

Le Gouvernement, qui a pris note de la décision de la fédération écossaise de football de recommander à ses clubs de ne pas pratiquer le jeu de tête lors des entraînements des joueurs de moins de 12 ans (Scottish FA Heading Guidelines), se montre généralement très attentif à toute étude scientifique touchant de près ou de loin à la santé des sportifs.

Dans la littérature médicale, il n’y a cependant pas de lien causal établi entre la réalisation de têtes au football et un risque accru de démence plus tard. L’étude de l’université de Glasgow a comparé les cas de 7676 joueurs ayant évolué d’antan dans les ligues professionnelles écossaises, tous ceux nés avant 1977, avec une population témoin de 23.028 personnes. La recherche a montré, d’une part, que les anciens footballeurs ont une espérance de vie plus longue que la moyenne, mais qu’en contrepartie ils ont trois fois et demie plus de chances d’être atteints de démence en vieillissant, sans que la cause exacte soit établie, par manque d’études, et pourrait par conséquent être lié à d’autres facteurs de mode de vie. Toujours concernant cette étude, il faut noter que depuis les années soixante, soixante-dix, la constitution des ballons a considérablement changé. En effet, alors que le poids des ballons de l’époque pouvait passer de 390 grammes à près de 600 grammes par temps de pluie, la technologie actuelle permet d’alléger considérablement les ballons devenus imperméables.

En ce qui concerne les blessures à la tête chez les enfants qui pratiquent le football, elles sont dues avant tout au contact entre joueurs. Le ministère de la santé ne dispose cependant pas de chiffres au sujet du nombre de commotions cérébrales constatées auprès de jeunes footballeurs au Luxembourg, comme ces données ne font pas l’objet d’une surveillance épidémiologique. La Fédération Luxembourgeoise de Football (FLF) y apporte en revanche une attention toute particulière en s’orientant notamment au protocole de détection des commotions «Sports Concussion Assessment Tool 2 », dit SCAT2. Ledit protocole, en permanente évolution, rediscuté tous les quatre ans aux réunions internationales et intersports dans lesquelles s’implique la Fédération internationale de football (FIFA), était jusqu’à présent mis à disposition des entraîneurs en formation à partir du niveau UEFA-B [EQF4] et le sera désormais à partir de la formation Grassroots Fundamentals [EQF2].

Toujours suivant les informations récoltées auprès de la FLF et plus précisément auprès de la structure de formation des entraîneurs, il est à noter qu’au Luxembourg l’entraînement du jeu de tête n’est préconisé qu’à partir de l’âge de 13 ans, au plus tôt, et ce en suivant méthodiquement la pratique d’apprentissage mise à disposition. Pour tout formateur désireux de débuter cet apprentissage plus tôt, il est vivement conseillé d’utiliser des ballons spéciaux, soit en mousse ou en caoutchouc léger. Le but n’étant, de toute façon, pas d’interdire, d’une manière générale, le jeu de tête mais d’apprendre aux enfants à le faire correctement. D’autre part, il est à noter que, d’une manière générale, les réformes des modes de jeu moderne dans les catégories de jeunes, amènent à ce que les séances spécifiques de jeu de tête ne soient plus d’actualité, du moins jusqu’à l’âge de 16 ans, favorisant le jeu au sol et l’apprentissage des techniques y relatives, comme c’est d’ailleurs le cas dans nos pays voisins.

Finalement, la commission médicale de l’Union européenne des associations de football (UEFA) préparerait actuellement des recommandations pour limiter les risques du jeu de tête chez les enfants, il n’y serait pas question d’interdiction du jeu de tête.


Gusty Graas