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Wéi schlëmm sinn eis Wéngerten vun der Esca-Krankheet betraff?

Questions parlementaires Agriculture et viticulture Gilles Baum

Bei der Esca handelt et sech ëm eng vun de geféierlechste Riefholzkrankheeten. Den DP-Deputéierten Gilles Baum wëll gäre vum Wäibauminister Fernand Etgen wëssen wéi schlëmm eis Wéngerten op der Musel vun dëser Krankheet befall sinn a wat fir Rotschléi den IVV de Wënzer gëtt fir géint dës Krankheet virzegoen!

Question

Monsieur le Président,

Par la présente, j’ai l’honneur de vous informer que, conformément à l’article 80 de notre Règlement interne, je souhaite poser la question parlementaire suivante à Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs:

« L’esca (apoplexie de la Vigne) est une maladie fongique. Elle est une des plus anciennes maladies de la vigne et les Romains avaient déjà remarqué sa présence sur les ceps de l’époque. Il s’avère que les vignes de la Moselle luxembourgeoise soient de plus en plus souvent victimes de cette maladie.

Voilà pourquoi, j’aimerais poser les questions suivantes à Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs :

  • Quel est l’ampleur de l’infection par l’esca des vignes luxembourgeoises ? Quelle est l’évolution de cette maladie pendant les dernières années ?
  • Existe-il des moyens pour combattre cette maladie ?
  • Quels sont les conseils que l’Institut viti-vinicole transmet aux vignerons dont les vignes sont infecté par l’esca ?

Veuillez croire, Monsieur le Président, en l’expression de ma très haute considération.

Gilles BAUM
Député

Réponse de Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs à la question parlementaire n° 2637 de Monsieur le Député Gilles BAUM

Quelle est l’ampleur de l’infection par l’ESCA des vignes luxembourgeoises ? Quelle est l’évolution de cette maladie pendant les dernières années ?

L’ESCA est l’une des plus anciennes maladies de la vigne, déjà relatée du temps des Grecs et des Romains. Mais ce n’est qu’au cours des vingt dernières années que le dépérissement de la vigne dû à cette maladie prend de l’importance et inquiète particulièrement les viticulteurs. Au cours des dix dernières années, la maladie a connu également une propagation croissante au sein du vignoble luxembourgeois. Au début, la maladie se limitait surtout à des vignes âgées de plus de vingt ans et plantées avec le cépage Rivaner. Mais au cours des dernières années, les symptômes sont également apparus chez d’autres cépages et on observe une propagation de l’ESCA dans des vignobles de plus en plus jeunes. L’Institut viti-vinicole estime qu’actuellement entre 5 et 10 % de ceps au Luxembourg sont atteints par l’ESCA.

En ce qui concerne les symptômes, il faut distinguer entre une forme foudroyante, menant à l’apoplexie du cep et une forme lente de dépérissement chronique, se manifestant essentiellement sur les feuilles. On observe que les symptômes d’apoplexie se déclenchent souvent après des conditions climatiques physiologiquement stressantes pour la vigne. Les symptômes foliaires fluctuent, c’est-à-dire disparaissent durant une période pour réapparaître ensuite. Ainsi le fait que la maladie soit présente, mais pas toujours visible, rend difficile une appréciation exacte de l’ampleur de la maladie. Il faut savoir également que plusieurs dizaines de champignons sont impliqués dans l’épidémiologie de l’ESCA, ce qui en fait une maladie complexe et toujours peu connue à ce jour.

Existe-t-il des moyens pour combattre cette maladie ?

La lutte contre ce complexe de champignons est essentiellement prophylactique. La biologie et l’épidémiologie restent actuellement encore mal connues, donc mal maîtrisées. Une mesure très importante est l’élimination du bois et des pieds de vigne atteints et la destruction par le feu.

D’autre part, la taille d’hiver se révèle être un outil de prévention extrêmement important. En effet, les champignons formant le complexe ESCA sont capables de coloniser le bois de la vigne par des blessures de tout genre. Ainsi, il s’agit de minimiser les grandes plaies de taille dans le vieux bois, avec le but de réduire la part de bois mort et d’éliminer ainsi le terrain favorable au développement des champignons. En parallèle, les plaies de taille effectuées doivent être orientées de façon à garantir un flux de sève continu et à minimiser par là les espaces favorables aux champignons pathogènes à l’intérieur des ceps. Il s’agit ici du concept de taille dite « douce », expérimenté actuellement dans la plupart des pays d’Europe, inclus le Luxembourg.

Actuellement, il n’existe pas de méthode de lutte chimique contre l’ESCA au vignoble. Cependant des champignons de l’espèce Trichoderma semblent posséder un effet antagoniste naturel envers quelques champignons du complexe de l’ESCA. Après des années de recherche un produit naturel à base de ladite souche Trichoderma est arrivé sur le marché en 2016. Les trichodermes sont des champignons naturellement présents dans le vignoble et colonisant de préférence le bois de vigne. Ce produit a déjà donné des résultats prometteurs au cours de nombreux essais. Il est destiné à être pulvérisé de façon préventive dans les vignobles juste avant le débourrement des vignes. L’agrément du produit pour le Luxembourg est en cours.

Quels sont les conseils que l’Institut viti-vinicole transmet aux vignerons dont les vignes sont infectées par l’ESCA ?

Du fait de l’urgence émanant de l’ESCA, l’Institut viti-vinicole insiste dans ses conseils en particulier sur les mesures prophylactiques à suivre, afin de minimiser la propagation de la maladie. Ainsi le bois des pieds de vigne atteints doit être enlevé complètement du vignoble et détruit par le feu. En effet, les différents champignons peuvent survivre très longtemps dans les pieds atteints et représenter des foyers d’infection dangereux.

L’Institut viti-vinicole attire également l’attention des vignerons sur la relation démontrée entre « stress » de la vigne et développement de l’ESCA. Il s’agit par-là de facteurs comme stress hydrique dans les jeunes vignes, rendement trop élevé ou fertilisation déséquilibrée. La maîtrise de ces facteurs constitue la base fondamentale d’une gestion globale des parasites viticoles.

En parallèle, l’Institut viti-vinicole expérimente différents systèmes de taille dans ses vignobles d’essai, afin de voir dans quelle mesure une taille adéquate peut avoir une influence sur la propagation de cette maladie. Il s’agit ici du concept de taille dite « douce », visant à minimiser les plaies dans le vieux bois, à assurer un flux de sève continu et par conséquent à réduire le potentiel de contamination. Dans ce contexte, l’Institut viti-vinicole entretient un rapport étroit avec le centre de recherche LIST (Luxemburg Institute of Science and Technologies)
ainsi qu’avec des instituts de recherche allemands et français.
Actuellement, l’Institut viti-vinicole prépare un projet destiné à réaliser des mesures optiques à l’aide de drones, avec le but de diagnostiquer le degré d’impact de l’ESCA dans l’ensemble des vignobles luxembourgeois.

 


Gilles Baum